La couvade, contrairement aux idées préconçues, est loin d’être une maladie imaginaire
ou un mythe. Il s’agit d’un syndrome psychosomatique qui survient chez les hommes
dont la conjointe est enceinte. Les symptômes ressentis sont sensiblement les mêmes
que ceux que peuvent expérimenter les femmes durant une grossesse : nausées,
jambes lourdes, fatigue, maux de dos, troubles du sommeil, modification de l’appétit.
Aussi, certains hommes sont enclins à de grands bouleversements hormonaux. Leur
taux de testostérone diminue alors que leur taux de prolactine, hormone de la lactation
augmente. D’autres ressentent même la douleur due aux contractions durant
l’accouchement. Quelles sont les causes d’un phénomène plutôt courant – la couvade
touchant près d’un homme sur cinq – mais passé sous silence ?
La couvade, une tradition millénaire
À l’origine, la couvade était un ensemble de rituels respectés chez certains peuples – et
qui l’est d’ailleurs toujours dans un bon nombre de régions du monde –, de la grossesse
d’une femme jusqu’à la période postnatale. Au moment de l’accouchement, le père
pouvait simuler des douleurs pour aider sa femme à mieux tolérer la sienne et à la
naissance de l’enfant, il restait alité, adoptait une diète alimentaire stricte pour favoriser
la santé du nouveau-né, et veillait à ses bons soins, la mère ayant simplement pour
mission d’allaiter l’enfant. Dans certaines cultures, l’homme s’allongeait même dans le
lit où sa compagne avait accouché et des proches se succédaient pour lui transmettre
des remerciements et des félicitations. Si la durée de la couvade était variable, cette
tradition était le symbole de la pleine implication d’un père dans la naissance de son
enfant, des rites qui se sont peu à peu effrités pour donner davantage aux hommes un
rôle de chef de famille.
À quoi est due une couvade ?
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En règle générale, il n’y a pas qu’une seule cause à la couvade, bien que l’empathie
envers la mère y soit pour beaucoup. Certains hommes changent radicalement leur
mode de vie à l’annonce d’une grossesse et s’adaptent au régime alimentaire de leur
compagne ce qui, outre représenter un grand bouleversement, favorise l’apparition des
symptômes. Pourtant, une couvade peut aussi bien toucher les hommes très investis
dans la grossesse de leur femme que ceux qui restent plus en retrait.
L’angoisse de devenir père n’est pas non plus étrangère au phénomène. L’inconnu et la
nécessité d’assumer véritablement un rôle d’adulte peuvent créer un véritable sentiment
de faiblesse et engendrer un lot de peurs. La santé de la mère ainsi que celle de
l’enfant à naître peuvent aussi y contribuer. Ajouté à cela la pression sociale de devoir
devenir un bon parent… Une grossesse est tout autant éprouvante pour la future mère
que pour le futur père, et cela est parfois difficilement accepté par la société.
Chez certains hommes, la couvade est plutôt due à un désir inconscient d’être « enceint
» et de pouvoir ressentir ce que traverse la mère pour mieux se préparer à l’arrivée de
l’enfant. Paradoxalement, la pratique de séances de préparation à l’accouchement en
couple peut contribuer à l’apparition des symptômes. D’ailleurs, ceux qui y échappent
au premier trimestre peuvent y avoir droit lors du troisième ! Pour d’autres, il s’agit de
compenser intrinsèquement un certain vide, un manque d’attention – tous les regards
étant généralement tournés vers la mère –, et de satisfaire une profonde volonté de se
mettre en avant, en partant du postulat que le père, s’il ne subit pas directement la
grossesse, y a tout de même fortement participé.
Pour d’autres encore, la couvade est la conséquence d’un schéma familial où le père
était distant et inconsciemment les symptômes se manifestent à cause de la crainte de
reproduire le même schéma et témoignent de la volonté d’être plus fusionnel avec son
enfant. Toutefois, la couvade n’est pas l’apanage des hommes qui ne sont pas encore
pères. En effet, il n’est pas rare qu’elle apparaisse chez ceux qui ont déjà un ou deux
enfants !
Existe-t-il un remède ?
![Pere et son enfant starofservice](/medias/images/pere-et-son-enfant-starofservice.jpg?fx=c_400_400)
Il n’existe pas à proprement parler de traitement à la couvade et les symptômes se
résorbent généralement lors de la naissance de bébé. Néanmoins, certains pères
peuvent eux aussi être touchés par une forme de dépression postnatale, plutôt
limitante. Si les maux persistent ou si les symptômes de la couvade sont handicapants,
il est pertinent de se tourner vers un psychologue qui pourra se pencher sur l’origine de
la couvade et les peurs ressenties par le père. Il est parfois délicat pour les hommes de
se confier à leur compagne à cause d’un certain sentiment de fierté, mais aussi par
désir de ne pas accentuer la pression mentale qu’elle subit déjà parfois trop. Participer
à un groupe de parole réservé aux pères est aussi une excellente initiative pour
partager ses craintes et constater qu’il y a bien plus d’individus touchés par cette sorte
de grossesse nerveuse qu’il n’y paraît. Le livre La couvade ou le père bouleversé mérite
le détour et peut apporter un certain nombre de réponses à tous les hommes qui en
souffrent.